Relations

Vaccinés – non-vaccinés : cohabiter en paix

Pas facile aujourd’hui d’avoir une discussion paisible entre vaccinés et non-vaccinés. Comment éviter les disputes au sujet de la vaccination et autres mesures sanitaires ?

En cette période de crise sanitaire, les familles ou groupes d’amis où se côtoient personnes vaccinées et non vaccinées ont un défi spécifique à relever : celui de cohabiter… paisiblement !

Pourquoi le sujet de la vaccination déclenche-t-il autant de disputes entre personnes qui a priori s’entendent plutôt bien en temps normal ? Est-il possible de préserver l’harmonie ?

Avoir raison

Regardons ce qui se passe au moment de la discussion.

Nous nous sommes faits une opinion bien étayée sur la question de la vaccination par exemple. Lorsque nous engageons la discussion avec une personne qui a un avis opposé, nous pensons bien sûr que nous avons raison et que l’autre a tort.

Penser avoir raison est un mécanisme automatique de l’égo. Cette posture est forcément là à partir du moment où le mental gouverne. L’étape suivante étant : ‘je vais te prouver que j’ai raison et que tu as tord’.

Toutefois, c’est un automatisme que l’on peut tempérer en écoutant son cœur. Car le cœur induit le respect de l’autre, l’amour de l’autre (quelles que soient ses opinions), la tolérance, l’empathie, l’acception… Et surtout l’envie d’harmonie.

Un sujet explosif

Un désaccord sur une question bégnine – comme « va-t-il pleuvoir aujourd’hui ? » – ne va pas dégénérer en dispute (en général !). Par contre, le sujet de la vaccination est explosif. Pourquoi est-il si difficile d’en discuter paisiblement ?

Ce sont les émotions sous-jacentes qui électrisent le débat. Et surtout la peur : la peur d’être malade, de mourir, ou la peur qu’un proche qu’on aime tombe malade, la peur de difficultés financières, etc.

Sentiment d’insécurité, d’impuissance, d’injustice…

Outre la peur, ce sujet de la vaccination déclenche souvent de la colère. Ces réactions émotionnelles sont propres à chacun. Car la manière dont nous réagissons est dictée par notre structure psychologique (évidemment !), donc par nos points sensibles.

C’est pour cela que certaines personnes s’insurgent actuellement contre la perte de liberté alors que d’autres ne sont pas dérangées par cela. Tandis que chez d’autres, la frustration et la colère vont être alimentées plutôt par le sentiment d’impuissance face aux décisions des autres qui impactent leur vie. Ou par le sentiment d’être victime d’une injustice. Etc.

Comme dans n’importe quelle situation de vie, on perçoit et interprète ce qui se passe autour de soi à travers les lunettes de nos blessures intérieures et on projette sur le monde extérieur cette perception.

Prendre soin de la partie blessée en nous

Ce sujet de la vaccination a le don ‘d’appuyer fort là où ça fait mal’ !

Donc de susciter des réactions fortes qui sont une tentative inconsciente de protéger, au fond de nous, la partie de nous blessée*.

Dès lors qu’on repère ce mécanisme à l’œuvre à l’intérieur de soi, on peut prendre soin de cette partie blessée et ainsi désamorcer la réaction émotionnelle. A l’extérieur, la situation est ce qu’elle est – un virus qui circule, des campagnes de vaccination, un passe sanitaire, etc. -, mais à l’intérieur l’ambiance est pacifiée. Et nos relations aux autres aussi.

Peut-être êtes-vous en train de vous demander : « Prendre soin de la partie blessée, ok, comment fait-on ?».

Des mesures concrètes

Prenons un exemple très courant aujourd’hui. Si on identifie que la blessure activée correspond à un manque de sécurité, on va poser des actes concrets pour se rassurer, pour créer une atmosphère intérieure de sécurité.

Cela peut passer par un dialogue intérieur (l’adulte rassurant son enfant intérieur) – si on est familier avec cette pratique.

Et – cela va vous sembler évident – il est important de prendre aussi des mesures concrètes qui vont rétablir un environnement personnel sécurisant. Comme de diminuer son exposition aux informations anxiogènes. Et peut-être est-il aussi nécessaire de changer certaines habitudes quant aux lieux que l’on fréquente, ou de prendre des dispositions pour prévenir d’éventuelles difficultés financières.**

Réorienter l’énergie

Pour illustrer le changement de perspective que je viens d’évoquer, voici l’exemple d’une personne que j’accompagne et qui n’a plus le droit d’exercer son activité libérale de soignante en raison des mesures anti-covid. Pleine de colère tous ces derniers mois, elle s’est abondamment disputée avec son entourage. A la fin d’une séance récente, elle a conclu par ces mots :

« Il est temps que j’arrête de perdre mon énergie à lutter et que je pense à moi, que j’utilise cette énergie pour rebondir [en l’occurrence, envisager une reconversion] ».

Choisir un sujet plus léger !

Dès lors que nous avons désamorcé ainsi nos peurs et colères en prenant soin de nous, nous pouvons discuter du sujet de la vaccination en restant serein. Faire la paix à l’intérieur pour engendrer la paix à l’extérieur.

Cependant, en fin de compte, ne vaut-il pas mieux orienter la conversation vers un sujet moins sensible et… plus joyeux ! 


* Par exemple la part qui ne se sent pas en sécurité, qui se méfie de tout et de tout le monde, la part qui souffre du manque de liberté, etc.

** Même démarche si la difficulté ressentie concerne la restriction des libertés. Par exemple, on peut se focaliser sur les domaines de liberté existants, en profiter davantage et s’en réjouir (substituer la gratitude à la colère).

Autre article complémentaire lire également sur ce thème : Renoncer à avoir raison

Crédit photo : Stephan Eickschen on Unsplash

Article précédent Article suivant

Lisez aussi