Pour éviter d’accumuler des tensions, ne suffirait-il pas de remplacer les combats intérieurs permanents par une attitude diamétralement opposée à nos comportements habituels, à savoir par l’acceptation de nos imperfections et de l’inconfort ? Une méthode anti stress révolutionnaire !
La lutte contre le stress et la relaxation sont devenues des préoccupations omniprésentes. Je vous propose de mettre le focus ici sur une facette de cette problématique, à travers une approche assez différente de celles que l’on rencontre généralement.
Au quotidien, notre corps emmagasine des tensions, se raidit et devient même parfois douloureux, au niveau des épaules ou du dos en particulier. Même si nous consacrons 2 heures par jour au yoga ou à la danse (aérienne par exemple !), même si nous nous offrons régulièrement un massage, la détente et le soulagement ainsi obtenus ne sont que partiels ou temporaires. Tant que la cause des tensions reste présente, elle les restaure inéluctablement.
Réaction automatique face à la contrariété
Qu’est-ce qui nous empêche de rester détendu ? Et en élargissant un peu la perspective : qu’est-ce qui nous empêche d’aborder les événements de notre vie de manière légère et sereine ? Voici deux questions qui me semblent essentielles et que je vous invite à méditer…
Pour apporter un élément de réponse, je vais d’abord partager avec vous un petit événement de ma vie qui risque de vous paraître sans rapport apparent… Du moins au premier abord…
Quand je me lève le matin après une nuit trop courte, j’ai constaté que ce manque de sommeil devient un sujet obsédant pour moi. Si je laisse mon esprit incontrôlé, c’est-à-dire en pilotage automatique, mes pensées se focalisent sur cette préoccupation : « zut, je vais être fatiguée aujourd’hui, cette journée va être ratée, je vais avoir l’esprit embrumé pendant mes séances alors que je devrais être hyper réactive, je déteste ne pas avoir les idées claires, et puis je ne vais pas pouvoir me coucher de bonne heure ce soir et cela va être encore pire demain, etc., etc. ».
Choisir l’attitude opposée : j’accepte
Ce genre de pensée va émerger à tout moment de la journée, et m’envahir si je n’y prête garde. Et en fin de compte la journée sera effectivement mauvaise, mais cela résultera davantage de ces pensées négatives que du manque de sommeil ! Car il y a d’une part la réalité – le manque de sommeil -, d’autre part l’interprétation que mon esprit colle sur cette réalité – à savoir que c’est très ennuyeux et préoccupant.
Imaginons que, face à cette situation, j’adopte une attitude intérieure diamétralement opposée : au lieu de pester contre cette cause d’inconfort indéniable, de refuser qu’il en soit ainsi, supposons que je l’accepte : « Assurément je n’ai pas assez dormi. Bon ! Je vais probablement ne pas être très en forme et je ne vais pas donner le meilleur de moi-même en séance ; c’est comme ça aujourd’hui ; je vais faire avec ; ce n’est pas la fin du monde… »
L’ambiance intérieure devient positive
Le résultat de ce changement d’attitude est spectaculaire. D’abord, la situation apparaît beaucoup moins grave, et la préoccupation disparaît instantanément puisque j’ai décidé de « faire avec », d’accepter que la journée ne va pas être au top. Ensuite les pensées relatives à ce sujet ne sont plus obsédantes, car j’ai décidé de ne pas accorder d’importance à ce soi-disant « problème », j’ai lâché l’attachement à ce problème. Et de facto l’inconfort est bien moindre, le parfum intérieur durant cette journée devenant même tout à fait positif.
Et il peut même s’avérer que cet état a priori défavorable ait des « avantages secondaires ». Par exemple, si une personne, en séance ce jour-là, me parle de ses insomnies et du malaise qu’elle ressent en conséquence, je serais parfaitement à même de la comprendre et de l’accompagner avec une douceur qui sera appropriée à la fois à son état et au mien !!!
Le corps, reflet de notre attitude
A travers cet exemple, j’espère avoir fait comprendre que ce n’est pas la réalité qui est la plus dérangeante mais la perception que nous en avons, ainsi que la non acceptation de cette réalité.
Nous nous battons à longueur de journée contre tout et n’importe quoi, et surtout contre nous-même ! Nous estimons que nous ne sommes pas assez performant(e) au travail, pas assez gentil(le), pas assez beau/belle, pas une mère ou un père assez disponible, pas assez ceci et trop cela ; nous estimons que les gens qui nous entourent ne sont pas comme nous voudrions qu’ils soient, et que la vie ne nous donne pas ce qui nous semble indispensable pour être heureux, etc. Bref, beaucoup de sujets de contrariété !
Le refus de la réalité telle qu’elle est, l’adjonction d’une opinion négative sur ce qui se présente à nous, causent un raidissement intérieur, une fermeture, une contraction, tant aux niveaux psychologique que corporel.
Si vous observez finement votre corps, vous pourrez percevoir ce phénomène de contraction. Or, la contraction c’est… l’inverse de la détente !
Accueil et acceptation : la révolution pacifique
Au cours du processus thérapeutique, nous apprenons à accueillir les choses telles qu’elles sont, y compris nos imperfections. C’est un véritable apprentissage ou plutôt un contre-apprentissage car nous avons derrière nous des années de pilotage automatique ; un mode de fonctionnement qui nous a conduit à nous battre sans cesse, à nous raidir sans cesse « contre ».
Il s’agit d’apprendre à être non pas « contre », mais « avec ».
Notez bien que l’invitation n’est pas d’être « pour ». Pour une journée démarrée dans la fatigue, pour des enfants insupportables ou pour un embouteillage… ! Pas « pour », mais « avec ». Etre « avec », aller « avec », faire « avec » ce qui se présente à cet instant.
Accueil et acceptation : deux mots révolutionnaires, qui ne signifient pas pour autant passivité, loin s’en faut ! Accueil, acceptation, deux mots qui sont aussi synonymes de confiance – confiance en soi et dans la vie.
Nous sommes alors dans une attitude intérieure qui ne génère aucune tension. Mais au contraire de la détente et de la paix.