A l’intérieur de nous, une petite voix nous critique à longueur de journée et nous sommes persuadés qu’elle a raison ! Comment rétablir l’estime de nous-même ?
Vous avez sans doute remarqué qu’à l’intérieur de vous, des pensées émergent à longueur de journée et parmi elles, de très très nombreuses critiques à votre égard. Une petite voix murmure des reproches dans votre tête. Beaucoup d’entre nous l’entendons nous répéter que nous sommes « nuls » et que nous ne sommes « pas à la hauteur ».
Cette petite voix est celle d’une partie de notre personnalité (une sub-personnalité) appelée « le Critique intérieur », dont la mission est de… nous critiquer ! Son job étant, comme son nom l’indique, ni plus ni moins, de critiquer, la panoplie de ses critiques est infinie et peu importe ce que nous faisons et comment nous sommes, il n’est jamais satisfait et nous le fait savoir !
Notre apparence physique est l’objet de nombreuses critiques
Nos Critiques intérieurs sont particulièrement virulents au sujet de notre apparence physique. Ils critiquent par exemple notre poids : nous sommes presque toujours trop gros ou trop maigre ; ça ne va jamais. Si nous avons atteint le poids estimé idéal, notre Critique nous assène d’un ton affligé : « de toute façon, tu ne vas pas rester à ce poids, tu n’es pas persévérant… ».
Si vous croisez dans la rue une femme dotée d’une silhouette de mannequin, n’allez pas imaginer qu’elle soit satisfaite de son apparence. Son Critique intérieur lui murmure d’un ton méprisant des remarques telles que : « Avec la peau que tu as, quel homme voudrait de toi ? » ou bien : « ça sert à quoi d’être mince si ton corps est flasque, c’est répugnant, tu devrais faire plus de sport », ou encore : « en mangeant si mal, tu mets ta santé en péril, c’est malin… ».
Et si cette femme améliore sa peau, muscle son corps et mange équilibré, son Critique intérieur ne la laisse pas en paix pour autant. Il trouve autre chose qui ne va pas car c’est sa mission de critiquer et il est très doué pour cela. Très entraîné aussi, avec toutes ces années d’expérience ! Lorsqu’au cours d’une séance, une personne en cours de thérapie se glisse dans la peau de son Critique intérieur et parle en son nom, la créativité et l’intelligence dont fait preuve cette sub-personnalité sont toujours fascinants…
Nous ne sommes jamais comme il faut
Nos Critiques intérieurs sont attentifs et présents dans tous les aspects de nos vies, et notamment aussi dans notre vie professionnelle. Si vous travaillez beaucoup, il vous le reprochera : « tu devrais travailler moins, tu vas t’épuiser ; comment peux-tu être aussi irresponsable et inconscient des conséquences de ton comportement ? ». Vous décidez de travailler moins et il vous le reprochera aussi : « ton laisser-aller est affligeant. Si tu ne t’investis pas plus, tu vas être flanqué dehors et tu l’auras bien cherché ».
Inspiré par les remarques faites par nos parents lorsque nous étions enfants, notre Critique intérieur ne manque pas une occasion de nous reprendre dans le même sens, en nous assommant de qualificatifs désobligeants : « égoïste », « méchant », « pas intéressant », « autoritaire »… Son ton est cassant et son opinion catégorique.
Notre estime de nous est sapée
Nous sommes convaincus inconsciemment que toutes ces critiques intérieures sont parfaitement justifiées puisqu’elles reprennent les reproches faits par papa et maman. Puisqu’elles sont le reflet des valeurs enseignées par nos parents, par exemple qu’il faut être sérieux, gentil, intéressant, et belle pour une femme. Pure vérité, n’est-ce pas ?!
Donc, nous croyons cette voix intérieure, nous ne la remettons pas du tout en question. Qui plus est, nous nous identifions à elle : nous nous approprions ses critiques et les reprenons à notre compte : « JE SUIS moche, trop gros, pas sérieux… », « JE SUIS nul, je ne suis jamais à la hauteur, je n’y arriverai jamais… ». Autrement dit, parce qu’une telle opinion s’est exprimée à l’intérieur de nous avec tant de vigueur, nous considérons qu’elle est vraie et la faisons nôtre.
Résultat désastreux : notre estime de nous est sapée. Nous sommes si persuadés que nous sommes nuls que nous nous abstenons d’entreprendre des choses que nous sommes parfaitement capables de réaliser.
Comment réduire l’emprise du Critique intérieur
Il est salutaire d’être conscient de la présence de ce Critique intérieur et de s’en désidentifier, c’est-à-dire de l’entendre parler à l’intérieur de nous, tout en sachant que c’est seulement lui qui s’exprime et que nous ne sommes pas lui. C’est la première étape du travail. Avoir une vision générale de ce qui se passe en nous et prendre un peu de distance par rapport à cet aspect de nous qu’est notre Critique intérieur.
Même s’il nous empoisonne la vie, il mérite notre bienveillance car cette sub-personnalité constitue en fait un système de protection bien utile. Notre Critique intérieur veille sans cesse à ce que nous ne fassions pas de bêtises qui pourraient nous mettre dans une situation difficile à vivre et douloureuse pour nous. Toute son énergie est en action pour nous protéger de nos peurs (peurs de manquer d’amour ou de reconnaissance, de se retrouver seul, de mourir, etc.).
Lorsque le Critique intérieur se sent écouté et compris, il peut se détendre et devient moins virulent. Je vous invite donc à faire l’exercice qui consiste à demander à votre Critique intérieur son opinion sur vous. Une fois que vous ressentez la présence de cette subpersonnalité en vous, vous établissez le contact avec elle, vous lui posez des questions précises, vous l’écoutez attentivement et notez ce dialogue au fur et à mesure. Vous allez voir, c’est une expérience palpitante !
L’étape suivante consiste à rassurer votre Critique intérieur en « gérant » les peurs qui l’activent et in fine en dissolvant ces peurs. C’est un travail plus en profondeur qui peut nécessiter un accompagnement.
Auteure : Anne Lautier
A lire à ce sujet, l’excellent livre de Hal et Sidra Stone, les inventeurs du Voice Dialogue (dialogue des subpersonnalités) : « Le critique intérieur », paru chez Warina Editions.