Et si, au lieu de chercher à résoudre nos problèmes psychologiques, on les laissait simplement s’évanouir ! Comme des châteaux de cartes qui s’écroulent… C’est cela même que nous propose la thérapie non duelle. Illustration.
« C’est toujours la même chose et c’est vraiment énervant ! ». Francine sort d’une réunion de son association, furieuse. Quand elle a proposé le mois de mai comme date du prochain événement, la contradiction est arrivée tout de suite : « En mai il y a les ponts, il vaut mieux planifier cela en juin ». Point de vue qui l’a emporté.
C’est terriblement contrariant pour Francine qui a l’impression de se heurter à des personnes qui ne prennent pas en compte son avis. « Je n’ai pas le droit de ne pas être d’accord. » Elle se plaint qu’on lui reproche de se mettre en colère. Finalement la résignation l’emporte : « Je n’ose plus m’exprimer car ce n’est pas accepté ».
Elle résume en deux phrases ses convictions : « je n’ai pas le droit à la parole », et « je ne suis pas écoutée ».
Des épisodes de ce type lui arrivent sans cesse. Et depuis longtemps. Cela remonte même à son enfance, elle le sait : « en tant qu’enfant, je n’avais pas le droit à la parole ; pendant les repas, nous devions rester en silence ». Elle est donc parfaitement consciente de l’origine de ce schéma de fonctionnement qu’on peut schématiser ainsi : l’impression que ‘je ne suis pas écoutée’ / suscitant la colère / qui à son tour induit une réaction de rébellion-conflit ou de mutisme / qui va provoquer des reproches de la part de son entourage / ce qui va renforcer la croyance de départ que ‘je ne suis pas écoutée’.
Et pourtant, malgré cette compréhension, Francine reste enfermée dans ce fonctionnement et le mal-être qu’il induit.
Pas d’égo sans problèmes
Si l’on regarde de plus près ce qui se passe, que peut-on voir ? D’abord il y a une divergence d’opinions. Francine voudrait qu’on retienne le mois de mai, d’autres préfèrent le mois de juin. Point final !
Une fois que ces avis ont été exprimés, s’enclenche tout un processus à l’intérieur de Francine. Un scénario est créé de toutes pièces sur la base d’interprétations. Le désaccord des autres et la décision prise sont interprétés par elle comme un refus de l’écouter, comme une privation de son droit à exprimer un avis différent.
Si l’on imagine qu’à la place de Francine, une autre personne ait formulé la même opinion dans cette même réunion, elle aurait donné une interprétation complètement différente de la situation. Mais il y aurait encore une interprétation !
Interpréter est un mécanisme fondamental dans le fonctionnement égotique. Or, interpréter c’est créer des problèmes (imaginer des scénarios qui ne nous conviennent pas, où selon nous quelque chose ne va pas).
Et l’égo adore créer des problèmes. On pourrait dire qu’il est très doué là-dedans (!), mais cela va bien au-delà : la production de problèmes est indissociable de l’égo. Autrement dit : pas d’égo sans problèmes.
Pas de problème sans égo
La bonne nouvelle c’est que la réciproque est aussi vraie : pas de problème sans égo !
C’est précisément là que nous amène la thérapie non duelle, là où il n’y a pas d’égo et donc pas de problème. La situation est alors vue non pas depuis la perspective de l’égo mais depuis la perspective de ce qui est là lorsque l’égo n’est plus aux manettes. C’est-à-dire depuis ce qu’on peut appeler ‘la conscience’ (ou ‘ce que nous sommes vraiment’, ‘notre vraie nature’ ou ‘le Tout’…).
Depuis cette perspective-là, qu’est-ce qui apparaît ? La prise de recul permet de distinguer la situation qui nous semble ‘objective’ (et qui en fait ne l’est pas*) de ce qui est ‘rajouté’ dessus. Tout en voyant clairement les mécanismes égotiques et les ressorts de la création du problème.
Dans notre exemple, cela pourrait être :
- le fait que l’égo est persuadé d’avoir raison,
- ou qu’il a l’impression d’être victime des autres,
- ou qu’il lui manque quelque chose (être écouté…) dont il a vraiment besoin, etc.
Dissoudre les ‘couches’ égotiques
Le problème est alors vu comme une construction mentale facultative. Comme un jeu de cartes. Sous l’effet de cette vision claire depuis la conscience – dans le cadre d’un accompagnement en thérapie non duelle – cette structure s’écroule et le problème s’évapore.
Une fois que les engrenages égotiques sont désamorcés, on constate que les réactions habituelles aux situations qui faisaient auparavant office de ‘déclencheur’ ont disparu. Confortable ! C’est un premier résultat qui est de nature psychologique.
Mais l’intention de l’approche non duelle va au-delà. La dissolution des ‘couches’ égotiques révèle ce que nous sommes vraiment. Elle permet de découvrir notre vraie nature, ‘d’être la conscience pure’. Là, tout est paisible, simple et fluide.
* Le fait que Francine perçoive la situation comme une divergence d’opinions résulte de ses propres croyances, de ses propres filtres de perception. De plus, la divergence des points de vue n’est pas étrangère aux postures intérieures de Francine. Donc il n’y a pas vraiment de réalité ‘objective’…
Pour en savoir plus : lire une présentation de la thérapie non duelle